Une batterie de tests est une tâche compliquée à organiser et mettre en place. Quels tests choisir ? Pourquoi choisir ceux-là ? Quand doit-on les proposer dans la saison ? Comment les agencer entre eux ? Quel est le matériel dont j’ai besoin / dont je dispose ? Je vais vous énumérer toutes les étapes par lesquelles vous devez passer pour proposer la meilleure séance possible de tests à vos sportifs.
Etape 1 : L’analyse du modèle d’effort de votre sport
Si des études ne l’ont pas faites pour vous, il s’agit d’une étape très laborieuse ! Il vous faut observer des dizaines de matchs afin de repérer tous les efforts que vos sportifs effectuent (nombre de sauts, de sprints, de pas chassés, de courses arrière, les temps passés à marcher et courir, le nombre de gestes explosifs, la musculature sollicitée, dans quelles conditions, etc etc.) Vous pourrez alors catégoriser votre activité selon plusieurs critères comme la filière énergétique prédominante, le niveau de force mobilisé ou l’alternance d’activité.
Par exemple, le football, qui a été très largement analysé, a été défini comme une activité intermittente où l’activité cardio-vasculaire est très importante. Le footballeur réalise également entre 500 et 900 gestes explosifs dans un match, dont 5% seulement sont des sprints d’environ 1.5 secondes. Toutefois, ces gestes explosifs sont déterminants dans l’obtention de la victoire et sont donc considérés comme une priorité dans la préparation physique moderne. Ainsi, en fonction de ces observations, nous pourrions choisir dès lors un test d’aptitude aérobie, un test de vitesse et des tests de force.
Etape 2 : Le choix des tests
Une fois le modèle d’effort de votre sport connu, vous allez devoir choisir des tests qui vont vous permettre d’évaluer vos sportifs. Ce choix s’effectue en fonction de nombreux critères, matériels et théoriques.
– La spécificité : vous l’aurez compris, si vous analysez votre sport pour choisir des tests ensuite, c’est pour en proposer les plus spécifiques. Il ne s’agit pas de tester votre aptitude aérobie si vous ne la sollicitez pas du tout dans votre sport ! Pour les tests que vous aurez choisis, il s’agira ensuite de faire le choix par exemple entre un test aérobie intermittent (sport collectifs par exemple) ou continu (fondeur), entre un test de musculation et un autre, sur la longueur de votre test de vitesse, etc.
– La question matérielle : certains tests nécessitent un matériel adapté voire onéreux. D’autres des structures adaptées, comme un VAMEVAL faisable sur piste ou des tests de force en salle de musculation. Ainsi, analysez bien vos moyens et ne partez pas dans l’élaboration de tests impossibles à réaliser. Il vaut mieux un test faisable, même laborieux, plutôt qu’aucun test du tout faute d’organisation.
– La question du timing : certains tests sont plus longs que d’autres, car nécessitent un échauffement, ne peuvent être réalisés qu’1 par 1, etc. Le nombre de vos sportifs doit également être pris en compte. Si vous le pouvez, et si le test reste bien spécifique à votre sport, choisissez le test plus rapide à faire, tant dans sa mise en place que dans le passage de vos sportifs. A défaut, prenez simplement en compte sa durée et gérer en fonction votre séance. Bien souvent, sauf en structure professionnelle, vous n’avez pas tout le temps souhaité et vous risquez de vous retrouver vite dépassé par le timing.
– La reproductibilité : les tests que vous choisirez doivent pouvoir être refait plus tard dans la saison. Il ne sert à rien de pouvoir profiter d’une structure ou d’un matériel à un instant t si vous ne pouvez pas le refaire à un instant t+1 pour évaluer les progrès de vos sportifs.
– La fiabilité : choisissez tant que possible des tests validés et approuvés par la communauté scientifique. Ne vous lancez pas dans la création de test inédit sous peine de se retrouver le nez dans des impondérables au moment du passage de vos sportifs.
Etape 3 : L’organisation de la séance
Cela dépend d’une chose avant tout, le temps ! Si vous êtes en structure professionnelle, vos sportifs sont censés être disponibles pour leur proposer vos tests quasiment à n’importe quel moment. Dans ce cas-là, nous découperons dans l’idéal notre batterie de test en 2 ou 3 : les tests aérobies et prophylaxiques d’un côté, les tests anaérobies, force et vitesse de l’autre. Vous choisirez de les placer le plus loin possible d’un entraînement qui aura fortement mobilisé la qualité physique à tester. Par exemple, évitez de proposer un test aérobie le lendemain et le surlendemain d’un match. Dans le cas où nous sommes en catégorie amateure, le temps jouera contre vous. En plus de devoir jongler avec l’humeur de l’entraîneur qui ne verra pas d’un bon oeil la durée de votre intervention (qui diminue donc la sienne !), il va falloir caser vos tests sur un créneau le plus court possible. En reprenant la question du timing évoquée dans l’étape 2, vous aurez donc des choix à faire et vous ne pourrez malheureusement pas proposer tous les tests qui vous semblent pourtant important de faire. La solution de découper votre batterie en 2 est envisageable, faisant mieux passé la pillule à votre staff et vos sportifs.
Dans le cas où vous voudriez enchaîner des tests différents (ex : test VMA puis vitesse), accordez un minimum de récupération entre eux afin de minimiser l’effet de la fatigue. Toutefois, d’expérience, un test VMA a un effet non significatif sur les performances en vitesse et force, car elles mobilisent des qualités physiques différentes.
Etape 4 : Répéter la séance
Une fois votre batterie de test proposée et vos résultats relevés, il va falloir la reprogrammer plus tard dans la saison afin d’évaluer les progrès de vos sportifs. En règle générale, si l’on prend l’exemple d’une saison sportive de sport collectif, on propose 3 à 4 fois ces tests dans la saison. Eviter de les proposer plus que cela, car au-delà ils représentent une perte de temps en rapport avec les progrès que vous pouvez faire. Personnellement, je les propose 4 fois dans l’année :
– Tests 1 : début d’année, 10 jours après la reprise après avoir laissé mes sportifs se réhabituer aux entraînements.
– Tests 2 : 5 semaines après les premiers tests, afin d’évaluer les progrès qui ont été fait depuis le début de la saison. En général, les progrès les plus importants de la saison sont effectués ici car les sportifs repartaient de 0 ou presque. Cela me permet également de mettre à jour leurs performances maximales afin d’ajuster l’intensité des séances d’entraînements.
– Tests 3 : après la trêve hivernale, ou après 4-5 mois. Suivant la période de repos hivernal, les performances peuvent avoir diminuées et il faut donc réactualiser les données. Nous les considérerons plus importantes après quelques semaines et nous ajusteront en fonction l’intensité de nos entraînements.
– Tests 4 : en fin de saison. Souvent les tests les plus mal vécus par les sportifs, car ils n’en voient pas l’utilité étant donné la période de la saison. Il s’agit pour nous de faire un constat global sur ce qu’a été la progression de l’athlète tout au long de la saison. Cela peut également me permettre d’ajuster mon exigence sur ce que je suis en droit d’attendre de mon athlète à la reprise de la saison suivante.
Ces étapes bien respectées, vous devriez être en mesure de proposer des batteries de tests spécifiques, pertinentes et organisées. Retrouvez ci-dessous un tableau récapitulant quelques qualités physiques, comment les retrouver en compétition, comment les tester puis comment les développer (liste non exhaustive)