Aujourd’hui j’ai le plaisir de vous présenter Frédéric Roualen, chef d’entreprise et préparateur physique professionnel. Frédéric a fait ses classes dans le judo avant de créer sa propre société, Optimisasport, qui lui a permis par la suite d’encadrer de sacrés clients. Jugez plutôt, Lucie Décosse, Gévrise Emane et Audrey Tcheuméo, toutes 3 championnes du monde de judo dans leur catégorie, l’équipe de France féminine de Squash, ou encore Jean Marc Mormeck, boxeur champion du monde unifié des poids lourds-légers WBA – WBC.
Bonjour Frédéric. C’est un grand plaisir de pouvoir converser avec vous. Pouvez-vous vous présenter tout d’abord pour ceux qui ne vous connaissent pas ?
Bonjour Cédric. Je m’appelle Frédéric Roualen, j’ai 50 ans, j’ai été Professeur d’EPS et entraîneur de judo de 1982 à 1999, puis j’ai créé la société OPTIMISASPORT , et j’ai quitté l’enseignement à cette période pour ne me consacrer qu’à la préparation physique. J’ai pratiqué le judo en compétition et j’ai goûté au haut niveau de cadet à senior avec quelques sélections internationales.
Parlez-nous de votre société Optimisasport : pourquoi l’avez-vous créé, dans quel but, qu’apporte-t-elle concrètement par rapport aux autres sociétés du genre ?
En 1998, la ligue de Judo du Val de Marne me propose d’encadrer son Centre de Perfectionnement Sportif, regroupant l’élite régionale de minime à junior. Pour pouvoir faire mon travail correctement je commence à m’intéresser aux différentes évaluations physiques pouvant m’aider à déterminer les potentiels de cette ligue. Je m’aperçois très vite que mes compétences dans ce domaine sont assez sommaires et incomplètes pour faire les choses correctement. Je décide donc de me former et j’intègre alors le diplôme universitaire mis en place par Georges Cazorla à Bordeaux 2. Cette rencontre est le commencement d’une nouvelle vie professionnelle pour moi : je me passionne pour cette partie de l’entraînement qu’est la préparation physique, j’essaye au maximum d’intégrer mes nouvelles connaissances aux entraînements judo que je dirige et je me rends compte que faire les deux est très difficile et parfois contreproductif.
C’est à partir de là que je choisis de m’orienter exclusivement vers la préparation physique et de créer une entité entièrement dirigée dans cette direction, OPTIMISASPORT était née. Cette société a pour but d’encadrer, de former et d’informer autour de la préparation physique. Dans ce cadre, nous avons notamment en charge la préparation physique de l’équipe de France féminine de judo depuis 2009 et de l’équipe de France féminine de squash depuis 1999. J’ai accompagné et préparé également le boxeur Jean Marc Mormeck depuis sa revanche contre Virgil Hill en 2004 jusqu’à son challenge en poids Lourds l’an dernier contre Wladimir Klitschko. Nous avons également en charge la préparation des acteurs du théâtre du Soleil dirigés par Ariane Mnouchkine depuis 2007. Voilà pour nos clients les plus médiatisés mais nous accompagnons également d’autres sportifs dans leurs différents objectifs.
Nous avons également une orientation de formation pour les entraîneurs pour lesquels nous essayons d’apporter des outils et des savoirs faire pour leur permettre d’être plus performant dans leur métier.
Et enfin nous nous intéressons également à la pratique du sport en entreprise car nous sommes convaincus des bienfaits et des orientations positives de cette démarche assez récente.
Vous avez notamment gérer le boxeur Jean Marc Mormeck et les meilleurs judokas anglais et français. Pouvez-vous nous parler des différences qu’il peut y avoir dans l’approche de ces 2 disciplines vis-à-vis de la PP ? Comment les préparer à l’approche d’une compétition ?
Pour les Anglais, je n’ai travaillé avec eux qu’au début de la dernière Olympiade. Patrick Roux qui était le directeur sportif de l’équipe de Grande Bretagne m’avait sollicité pour mettre en place une préparation physique la plus spécifique possible autour de cette équipe. Pour des raisons extra sportives, je n’ai pu travailler sur ce projet qu’une année ; c’est Aurélien Broussal qui a continué l’aventure avec la réussite que l’on connaît (2 médailles aux jeux). Pour répondre maintenant à la question, la boxe et le judo sont deux disciplines assez différentes d’un point de vue modèle de performance -je parle de la boxe professionnelle bien évidement avec 12 fois 3 minutes. Le judo va solliciter fortement la puissance maximale aérobie et sollicitera également la filière lactique alors que la boxe la plupart du temps restera majoritairement aérobie. Les contraintes musculaires sont également très différentes : en judo, la préhension favorisera un travail isométrique important que l’on ne retrouvera pas dans la boxe. Pour finir, l’effet balistique des coups en boxe n’existe pas en judo. En conclusion et même s’il s’agit de deux sports de combats, la préparation physique sera complètement différente pour un boxeur et un judoka. Ca nous amène à évoquer la complexité d’une préparation d’un sport en vogue en ce moment, le MMA (mixed martial arts, où tous les arts martiaux sont mélangés, opposant 2 combattants aux qualités et aux spécialités parfois très différentes).
Qu’est-ce qui est le plus dur à gérer quand on s’occupe d’un champion comme Jean Marc Mormeck ?
Jean Marc est un champion très exigeant, il vous demande de donner le meilleur de vous même, il faut être disponible à 100%. Lui-même s’impose de grosses charges de travail, quand il rentre dans un exercice, c’est sans réserve, donc il ne faut pas se tromper, sinon c’est la catastrophe. Je me souviens d’une anecdote où je lui avais demandé de faire un certain nombre de navettes en un temps donné. Au moment où il démarre, je me rends compte que j’avais calculé les objectifs avec la VMA linéaire alors qu’on était dans un travail navette. Je refais le calcul vite fait mais il avait déjà travaillé 2 minutes. Je lui donne les nouveaux objectifs et là, il me dit « on a commencé comme ça on fini comme ça ! ». Autant dire que la séance à été un calvaire pour lui, mais aussi pour moi… (ndrl : une VMA linéaire est en moyenne 20% supérieure à une VMA navette, à cause des demi-tours à effectuer sur cette dernière !). Après quoi, je vérifiais deux fois les objectifs avant d’annoncer la séance.
Quelles sont les qualités premières que doit avoir un préparateur physique ?
Un bon préparateur physique doit avoir avant tout une très grosse capacité d’adaptation et une forte créativité, il doit être capable de se mettre au service du collectif formé par l’entraîneur spécifique, le médecin, le kiné, le nutritionniste et le préparateur mental.
Avez-vous des projets pour les mois ou années à venir ?
Continuer à entraîner des gens ayant des objectifs précis que ce soit dans le haut niveau ou non. Avancer dans le projet du sport en entreprise. J’aimerai également travailler avec le rugby, car je suis sûr que toutes les compétences acquises avec les différents sports dont je me suis occupé sont transposables presque en intégralité dans cette pratique.
Merci pour votre temps Frédéric. Je vous laisse le mot de la fin
Il n’y a que dans le dictionnaire que le succès arrive avant le travail.